Politique monétaire : la règle d’or selon Friedman

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Milton Friedman, figure emblématique de l’école monétariste, a profondément marqué la compréhension contemporaine de la politique monétaire. Sa règle d’or préconise une croissance stable et prévisible de la masse monétaire, arguant que cela permettrait d’éviter les cycles économiques erratiques et les crises financières. En opposition aux politiques discrétionnaires et interventionnistes, Friedman plaide pour une approche systématique et transparente.

Cette perspective a radicalement influencé les décisions des banques centrales, notamment la Réserve fédérale américaine, qui ont souvent tenté de suivre ses principes pour maintenir la stabilité économique. Les débats sur l’efficacité de cette règle continuent d’alimenter les discussions entre économistes et décideurs politiques.

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Qui est Milton Friedman ?

Milton Friedman, économiste américain de renom, est le fondateur de l’École de Chicago, un courant de pensée qui prône le monétarisme et le libéralisme économique. Connu pour sa critique acerbe de l’interventionnisme étatique et des politiques économiques keynésiennes, Friedman a révolutionné la manière dont les économistes et les décideurs politiques envisagent la gestion de l’économie.

Un parcours académique et professionnel impressionnant

  • Membre éminent du National Bureau of Economic Research (NBER), un think tank privé américain, Friedman y a conduit des recherches fondamentales.
  • Auteur de nombreux ouvrages et articles, il a contribué de manière significative à la réactivation de la théorie quantitative de la monnaie.

Les fondements de l’École de Chicago

L’École de Chicago, fondée par Friedman, a introduit des concepts majeurs tels que l’hypothèse du revenu permanent et le taux de chômage naturel. Selon cette hypothèse, les agents économiques agissent en fonction de leur revenu futur anticipé, tandis que le taux de chômage naturel désigne le taux de chômage résultant des frictions sur le marché du travail.

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Un critique influent

Milton Friedman s’oppose fermement aux idées de John Maynard Keynes, le père de l’économie keynésienne. Son influence s’étend bien au-delà du cercle académique, touchant aussi des personnalités politiques majeures comme Ronald Reagan et Margaret Thatcher, qui ont appliqué ses principes dans leurs politiques économiques respectives.

Les principes de la règle d’or de Friedman

Friedman propose une politique monétaire fondée sur la théorie quantitative de la monnaie. Cette théorie stipule un lien direct entre la quantité de monnaie en circulation et le niveau des prix. En d’autres termes, toute variation de la masse monétaire influence directement l’inflation.

Monétarisme et stabilité économique

Le monétarisme, pilier central des travaux de Friedman, met l’accent sur le rôle fondamental de la masse monétaire dans l’économie. Pour éviter les dérives inflationnistes, Friedman recommande une augmentation constante et prévisible de la masse monétaire. Cette règle, souvent désignée comme la règle d’or de Friedman, vise à assurer une croissance économique stable tout en minimisant les risques d’inflation.

Hypothèse du revenu permanent et comportement des agents économiques

L’hypothèse du revenu permanent postule que les agents économiques prennent leurs décisions de consommation non en fonction de leur revenu courant, mais en anticipant leur revenu futur. En stabilisant la masse monétaire, Friedman espère influencer positivement les anticipations des agents économiques, créant ainsi un environnement économique plus prévisible et moins sujet aux fluctuations.

Taux de chômage naturel

Le taux de chômage naturel, concept développé par Friedman, désigne le taux de chômage résultant des frictions sur le marché du travail, indépendamment des politiques monétaires. Selon Friedman, tenter de réduire ce taux de chômage en augmentant la masse monétaire ne ferait qu’accélérer l’inflation sans effet durable sur le chômage.

Concept Description
Théorie quantitative de la monnaie Lien direct entre la quantité de monnaie en circulation et le niveau des prix
Monétarisme Accent sur le rôle de la masse monétaire dans l’économie
Hypothèse du revenu permanent Agents économiques agissent en fonction de leur revenu futur anticipé
Taux de chômage naturel Taux de chômage résultant des frictions sur le marché du travail

La critique de l’interventionnisme public selon Friedman

Milton Friedman, fondateur de l’École de Chicago, s’oppose fermement à l’interventionnisme étatique prôné par John Maynard Keynes. Friedman critique les politiques économiques keynésiennes, qui préconisent une intervention active de l’État pour réguler l’économie. Selon lui, ces politiques perturbent le fonctionnement naturel du marché.

Les arguments de Friedman contre l’interventionnisme se déclinent en plusieurs points :

  • Distorsion des signaux de marché : En intervenant, l’État fausse les signaux de prix, rendant plus difficile pour les agents économiques de prendre des décisions rationnelles. Friedman insiste sur le fait que le marché libre est le meilleur allocateur de ressources.
  • Effets à long terme : Les politiques keynésiennes peuvent avoir des effets positifs à court terme, mais elles génèrent des déséquilibres à long terme, notamment en matière d’inflation et de dette publique.
  • Rôle de la monnaie : Friedman préconise une politique monétaire stable, arguant que les interventions étatiques créent des incertitudes qui perturbent l’économie. Il défend une augmentation prévisible de la masse monétaire pour éviter les cycles d’inflation et de récession.

Friedman souligne que les interventions étatiques tendent à être procycliques plutôt que contracycliques, exacerbant les fluctuations économiques plutôt que les atténuer. Les politiques de relance budgétaire et monétaire, selon lui, devraient être remplacées par des règles claires et stables qui permettent aux acteurs économiques de planifier efficacement.

La critique de Friedman repose sur une croyance profonde en la supériorité du marché libre et une méfiance vis-à-vis de l’État, qu’il considère comme un perturbateur plutôt qu’un régulateur efficace de l’économie.

friedman économie

L’impact des idées de Friedman sur la politique monétaire contemporaine

Les idées de Milton Friedman ont profondément influencé la politique monétaire contemporaine. Paul Volcker, président de la FED à partir de 1979, a adopté les principes monétaristes de Friedman pour lutter contre l’inflation galopante des années 1970. Volcker a augmenté les taux d’intérêt de manière drastique, réduisant ainsi la masse monétaire et, par conséquent, l’inflation.

Ben Bernanke, aussi président de la FED, a reconnu l’importance des travaux de Friedman et d’Anna Schwartz sur la Grande Dépression. Leur analyse a révélé que les erreurs de politique monétaire avaient exacerbé la crise économique des années 1930. Bernanke a appliqué ces enseignements pour guider la FED lors de la crise financière de 2008, utilisant des politiques monétaires non conventionnelles comme l’assouplissement quantitatif.

Les idées de Friedman ont aussi influencé des leaders politiques comme Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Reagan, président des États-Unis de 1981 à 1989, et Thatcher, premier ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990, ont tous deux mis en œuvre des politiques économiques basées sur le libéralisme économique et le monétarisme. Leurs réformes ont cherché à réduire l’intervention de l’État dans l’économie, à déréguler les marchés et à contrôler la masse monétaire pour stabiliser l’inflation.

La FED, sous l’influence de Volcker, Bernanke et d’autres, continue de se baser sur les principes monétaristes pour formuler ses politiques monétaires. L’accent mis sur la stabilité des prix et le contrôle de la masse monétaire demeure au cœur de la politique économique américaine. Les contributions de Friedman restent ainsi un pilier fondamental de la pensée économique contemporaine.